Le e-learning revient de loin : des nombreux échecs qui ont parsemé son chemin à l'origine. Échecs, on le sait aujourd'hui, dus au défaut de maturité de l'offre comme de la demande, entraînées dans une relation dont les formateurs étaient le plus souvent exclus. D'un côté des fournisseurs vantant le potentiel de leurs technologies (des plateformes LMS en particulier) qui surfaient sur la vague de l'Internet avant qu'elle retombe brutalement au début des années 2000 ; de l'autre des grandes entreprises qui, ayant peur de rater le coche, investissaient à tout va dans des approches encore mal ficelées.

Les formateurs ont eu beau jeu de pointer les insuffisances originelles du e-learning : le primat donné à la technique, alors que les contenus se cherchaient encore, au détriment des apprenants laissés à la solitude de l'autoformation, et dont les formateurs relayaient les inquiétudes : le e-learning serait de la "formation au rabais".

La formation mixte au service du formateur

La menace de dispositifs d'apprentissage sans médiation des formateurs est révolue… On ne peut toutefois empêcher que cette mémoire continue plus ou moins consciemment de s'opposer au développement du e-learning. De fait, les premiers à convaincre du bien-fondé de cette approche sont les formateurs… Ce que les praticiens de la conduite du changement savent : contre le e-learning, les formateurs gagnent toujours (jusqu'à la prochaine manche) !

La formation mixte - le blended learning - est une réponse valable, quand elle allie le présentiel en salle, notamment, et l'autoformation distancielle asynchrone (le e-learning dans sa définition la plus étroite). Le formateur y gagne un groupe d'apprenants plus homogène, grâce à la mise à niveau des prérequis par leur suivi de modules e-learning ; ils se consacre à ce qui fait le sel du métier - la transmission des compétences et attitudes à travers des études de cas, jeux de rôle, etc. - pendant le cours, plutôt qu'au pénible rabâchage d'informations désormais dévolu au e-learning.

La formation mixte recèle bien d'autres avantages. Par exemple, celui de pouvoir évaluer les savoirs des apprenants pas à pas et à la fin de leurs parcours de formation ; les anciens dispositifs ne permettaient guère d'aller au-delà de la feuille d'évaluation (bien utile, par ailleurs). Par exemple aussi : l'avantage de mieux connaître les apprenants, avant et après le présentiel, grâce aux données recueillies sur leurs parcours de formation.

De réelles opportunités

Des menaces, donc, qui paraissent s'estomper ; des dispositifs qui permettent d'améliorer les conditions d'exercice et les résultats du métier de formateur…

À quoi l'on ajoutera les opportunités qui s'ouvrent : du côté de la conception pédagogique multimédia - car les outils auteurs permettent de démultiplier la créativité… et l'audience des formateurs - ou de l'accompagnement des apprenants tout au long d'un parcours de formation individualisé, enrichi. À terme aussi un rôle essentiel dans l'assistance au manager, en charge de faciliter l'application des savoirs acquis par l'apprenant en situation de travail…

Bref : du pain sur la planche !


A propos de l’auteur :

Michel Diaz est directeur associé de Féfaur (www.fefaur.com), premier cabinet d'études et de conseil e-learning indépendant sur le marché français et l'un des leaders européens, au sein duquel il conseille et accompagne les grandes entreprises et organisations dans leur stratégie et gouvernance e-learning et formation mixte. Conférencier recherché, il intervient et publie régulièrement en France et à l'étranger.

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